Je vous donne les dernières nouvelles concernant les taux d’intérêt des prêts immobiliers, ce qui devrait nous attendre pour le reste de l’année, et je vous donne mes conseils sur la conduite à tenir en terme d’acquisition immobilière en fonction de tout ceci...

4 avril 2022 à 16:45:00
Aujourd'hui, je vous donne les dernières nouvelles concernant les taux d’intérêt des prêts immobiliers, ce qui devrait nous attendre pour le reste de l’année, et je vous donne mes conseils sur la conduite à tenir en terme d’acquisition immobilière en fonction de tout ça.
Où en sommes nous ?
En février 2022, le taux moyen d’intérêt des crédit immobilier s’est fixé à 1,10 % l’an.
Ce montant marque une légère augmentation par rapports aux mois précédents, et notamment le 4ème trimestre 2021, qui a vu les taux historiquement les plus bas à 1,05 %.
Les taux d’intérêt augmentent, c’est vrai, mais pourquoi au juste ?
Il s’agit en fait d’une combinaison de facteurs économiques et de facteurs juridiques, je m’explique :
Les facteurs économiques
Le premier facteur, et qui est d’ailleurs le principal facteur de la hausse des taux d’intérêt des prêts immobiliers, c’est la reprise d’une INFLATION élevée, en comparaison avec ce qui a cours depuis 30 ans !
En effet, depuis 30 ans, l’inflation annuelle en France ne dépasse pas 2 %, ou tout juste (sauf en 2008 où elle a atteint 2,8 %).

En mars 2022, l’inflation sur l’année glissante (c’est-à-dire en comparaison avec l’inflation à mars 2021) s’élève à 4,5 % !
Vous comprenez donc très aisément que c’est une inflation exceptionnelle par rapport à ce à quoi nous avons été habitué ces dernières années.
Quelles sont les causes de cette inflation ?
Avec la reprise de l’activité qui a suivi le gros de l’épidémie du COVID19, il y a une forte demande dans tous les domaines, mais des capacités de production qui ne sont pas revenues à leur plus haut, ce qui entraîne des pénuries.
Les prix de l’énergie, des transports, des matières premières, des semi-conducteurs et de bien d’autres produits grimpent en flèche.
La situation de guerre en Ukraine pèse encore plus sur le prix de l’énergie (pétrole et gaz), donc les prix se sont envolés.
Vous avez dû le constater à la pompe...

Ajoutons à cela la politique de soutien de l’économie que les banques centrales ont mis en place depuis quelques années (notamment l’énorme injection d’argent frais dans l’économie), qui vient alimenter l’inflation.
Vous avez le parfait cocktail qui explique l’inflation constatée aujourd’hui.
Quelles sont les conséquences de cette inflation et pourquoi cela pousse les banques à augmenter les taux d’intérêts des emprunts immobiliers ?
On peut prendre le sujet sous plusieurs angles, mais pour simplifier la chose : l’inflation signifie au final que tout coûte plus cher (il coûte plus cher de consommer, de s’alimenter, de se déplacer…).
Il n’y a donc aucune raison valable pour que l’argent ne coûte pas plus cher lui aussi.
En effet, les banques sont des acteurs économiques, et pour rester rentables, ils doivent faire augmenter leurs prix.
Le prix de la prestation « crédit immobilier », c’est le taux d’intérêt.
De toute façon, d’un point de vue rentabilité commerciale, les banques n’ont pas le choix, car elles se voient en plus imposer la hausse des taux de rémunération des livrets réglementé, tels que le Livret A.
Vous le savez certainement, sinon j'ai le plaisir de vous l'apprendre, le livret A, le LDDS (livret de développement durable et solidaire), le livret d’épargne populaire, et le livret jeune sont des livrets réglementés.
L'État détermine donc leur taux de rémunération, en fonction notamment de l’inflation.
Par conséquent, à titre d’exemple le taux d'intérêt du livret A est passé à 1 % au 1er février 2022, au lieu des 0,5 % qu’il se traînait depuis 2 ans.
En imposant aux banques de rémunérer à un taux plus élevé les livrets, placements qui ont de très fortes capitalisations en France, cela conduit les banques à se rattraper sur les taux de leurs intérêts de prêts.
Alors, je ne suis pas économiste, donc la vision dépeinte est peut-être un peu lacunaire, mais elle me semble globalement suffisante pour que vous ayez des bonnes pistes de compréhension de la situation actuelle.
Un élément juridique s’ajoute à cela :
Le facteur juridique
La loi n° 2022-270 du 28 février 2022 « pour un accès plus juste, plus simple et plus transparent au marché de l’assurance emprunteur », apporte des nouveautés dans le dispositif de l’assurance-emprunteur.
En effet, cette loi permet aux emprunteurs, pour les offres de prêts qui seront émises à compter du 1er juin 2022, de mettre fin à leur contrat d’assurance à tout moment pour en souscrire un autre auprès de la compagnie d’assurance de leur choix.
Précision faite que pour les contrats en cours, c’est-à-dire les contrats d’assurance souscrits avant le 1er juin 2022, la résiliation à tout moment sera ouverte à compter du 1er septembre 2022.
Pour rappel, jusqu’à présent, il n’était possible de résilier son assurance-emprunteur que dans la première année de la souscription d’un crédit immobilier.
Et au-delà de cette première année, la résiliation ne pouvait intervenir qu’à la date anniversaire du contrat.
Vous allez peut-être vous demander, quel est le rapport entre cette loi concernant l’assurance-emprunteur avec les taux d’intérêt des prêts…
Et bien les banques, quand elles vous consentent un prêt immobilier, vous proposent systématiquement l’assurance-emprunteur en même temps, via leur filiale dédiée.
C’est pour elle un moyen de rentabiliser davantage le prêt qu’elle vous consentent.
Cette loi permettant de changer d’assureur à tout moment, donc beaucoup plus facilement, il y a une mise en concurrence plus forte.
Les banques anticipent ces pertes de revenus et rehaussent le taux nominal d’intérêt (c’est-à-dire le taux hors assurance), afin de limiter la perte.
OK pour la situation actuelle, mais alors...
Quelle sont les perspectives d’évolution des taux pour 2022 ?
Je ne suis pas Nostradamus, mais vu les explications que je vous ai donné tout à l’heure, vous vous doutez que la phase de hausse des taux d’intérêts n’est qu’à son début.
L’observatoire du Crédit Logement, qui prédisait début 2022 un taux moyen de 1,30 % d’ici la fin de l’année, évoque désormais plutôt un taux moyen de 1,75 %.
Cette information se recoupe avec les échanges que j’ai pu avoir avec l’un de mes contacts courtière en prêts immobiliers à Bordeaux (merci Arden), qui m’indique recevoir en direct les instructions des banques.
Les banques annoncent déjà des hausses de 0,3 à 0,8 points.
Quelle conduite tenir en ce qui concerne l'acquisition immobilière ?
En réalité, je vous ai tout dit dans le titre de l'article : EMPRUNTEZ TANT QU’IL EN EST ENCORE TEMPS !
Vu que la hausse des taux est inévitable, elle est déjà en cours, c’est le moment où jamais pour bloquer son taux, et ça devient une véritable aubaine !
Quand le coût de la vie augmente à une cadence de plus de 4 % par an (c’est l’inflation dont nous parlions), emprunter par exemple à 1,50 % l’an, c’est merveilleux.
Surtout si vous empruntez sur 20 ou 25 ans.
Cela signifie que vous bloquez aujourd’hui votre taux d’intérêt pour les 20 années à venir, même si d’ici-là l’inflation est restée à un montant constamment élevée, et que les taux d’intérêts pratiqués en 2040 sont à plus de 5 %.
Pour cette génération, ce sont peut-être les derniers moments pour emprunter de l’argent pas cher.
Alors, au diable l’attentisme : c’est maintenant ou jamais qu’il faut acheter !